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2. Pourquoi partager ?
| Les hommes d’aujourd’hui ont besoin de se faire à nouveau confiance et de reconnaître leur dignité. Celle-ci n’est autre que la responsabilité qui leur est personnellement confiée pour mener leur vie à bien dans une perspective d’avenir, c’est-à-dire de manière indissociable du bien de tous tant nos actions constituent la base de l’avenir humain.
Ils ont besoin de ressentir à nouveau que l’exercice de cette responsabilité est fondé, non sur des superstitions, mais sur la nature même de la réalité et de leur humanité.
Les déconstructions philosophiques des 19è et 20è siècles, éclairantes en leur principe, maintenant nous égarent. Certes, l’intuition humaine à propos de la réalité de l’esprit, de l’unité de la conscience et de la pérennité de notre conscience propre en celle-ci, cette intuition ne peut être démontrée déductivement. Kant a raison mais on le lit mal depuis si longtemps !
En effet il ajoutait immédiatement que la raison humaine se satisfait à bon droit de la situation et que c’est aussi à bon droit que nous choisissons d’obéir à cette intuition.
Car il s’agit d’une connaissance des plus importantes puisque c’est elle qui fonde nos actions dirigées vers le bien. La recherche du bien ne se conçoit en effet clairement qu’au sein d’une conscience humaine unique émergeant de nos consciences personnelles et constituant la réalité en fonction de laquelle se prennent nos décisions logiques, éthiques et esthétiques.
Or, du caractère non déductif de ce fondement de nos actions, l’Université, en particulier à la suite de Heidegger qui en demeure le maître à penser, prétend réduire le champ de notre conscience à ce qui est expérimental.
Partant, cette pensée s’embarque sans l’avouer, y compris parfois à elle-même, dans une métaphysique de la matière.
Pour cette métaphysique implicite et tue, l’homme est réduit à l’expression solitaire de son corps dont l’action ne peut être déduite qu’à partir de causes matérielles externes. Celles-ci font la réalité de son être, dont en premier lieu le caractère mortel du corps.
La pensée est donc nécessairement absurde puisque, tenace, elle connaît d’avance son échec lié à celui inévitable du corps qui est conçu comme la seule réalité : privée de perspective d’avenir la conscience humaine n’a d’autre horizon qu’illusoire.
L’homme peut alors être décrit comme « un être pour la mort » selon la formule éclairante du « Maître », c’est-à-dire, en soi, comme une chose, objet de conditions extérieures et de politiques.
Pour tout qui peut en concevoir le dessein, cela m’apparaît comme un devoir de détruire cette illusion désespérante présentée comme une déduction nécessaire des conditions physiques par les émules du grand « Kamarad Heidegger », Camus par exemple, mais aussi Derrida et ses propres suiveurs et, du côté de la vulgarisation, Comte-Sponville notamment.
L’homme se sait être plus que de la matière. Car il se sait conscient et qu’il sent que cette conscience est fondamentalement libre et partagée.
« Plus est en vous » dirais-je, car vous existez par tous et pour tous.
Et qu’ainsi, tant qu’il y aura des consciences vivantes, vous existerez.
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