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Tract
| Etoiles tatouage de la nuit
La bouche au milieu de l’oeil
Les satellites de télécommunication
Dévorent les pensées
Tandis que la nuit femme épaisse tatouée
Se retourne sur son lit de collines
Les murs d’immeubles
Comme une forêt sans feuilles sans fruits sans animaux
Bruissent des discours électriques
Des télés
Ignorant la voluptueuse nuit sur sa couche
Qui étouffe la ville sans fleurs
Et distille son parfum insomniaque
Pendant que nous célébrons la liberté
Liberté la tête dans les nuages
Liberté les pieds sur terre
Liberté te poussent des cornes
Qui changent en pluie les nuages
Te poussent des sabots liberté
Pour marteler les gouttes de pluie
En faire la boue
Qui meugle
La boue des prières et des malédictions
Liberté de dénoncer sa solitude
Et de répandre la solitude
A la vitesse des opinions d’experts médiatiques retenus par toutes les chaînes
Pour leur rôle clair et assuré
Le notable de province en tweed Monsieur le statu quo est le progrès Mais pas pour les non créateurs de leur richesse
Car pour eux disparaître sous le brouillard de la pauvreté comme des lapins sans être éblouis par les phares de la société oppressifs et conformistes
Est la liberté La délinquance ou la folie aussi
Le notable progressif au pull noir à haut col sans un pli révolté d’être contredit par le premier alors qu’il dit la même chose mais de son propre point de vue révolté Et qui proteste parce que personne parmi ses collègues ne veut citer dans ses travaux ses paradoxes disséqués pourtant si brillamment(incompris même que sa maman l’appelait Narcisse quoiqu'exclusivement en privé bien sûr)
Votre vie est un coût
Que vous devez accepter de réduire
Pour nous permettre de briller davantage
Afin de vous faire rêver
Gagnants que vous êtes là
Nos rentes sont à vous
Footballeurs
Chanteurs
Rappeurs
Manequineuses
Vedettes de télé-réalité
Publicitaires
Notre liberté est la vôtre et vous pouvez raisonnablement espérer que nous vous en laisserons assez pour vous payer la télé qui nous remboursera
Nous représentons le meilleur pire de vous
NOUS entre nous
Chacun jouisseur comme vous
Normal que vous payez pour nous
On est visible vous êtes visibles
On est en or votre gris est gris-or
Notable Universitaire cravaté qui ne soutient pas ses propres propositions pour la liberté parce qu’il les juge irréalisables politiquement l’opinion n’étant pas assez courageuse face aux nécessités économiques alors que lui-même aurait en fait encore voulu beaucoup mieux dit-il
Le débat mout les têtes
Transforme les cerveaux en viande hachée
Alors que les yeux restent fixés sur les mamelles de la meneuse de débat posée sur le plateau
A la grande joie des consommateurs de viande hachée
Qui se confirment mutuellement leur bonne opinion du spectacle
Ils sont d’accord avec tous On vous vendra la mayonnaise et le ketchup pour votre viande hachée Et l’indigestion non remboursée par la sécu c’est pour vous
Car yaplus C’est la liberté
Qui permet de dissoudre confortablement dans ses sucs gastriques la honte
Et les humiliations non ressenties
Qui font la joie privilégiée du programmateur de l’émission sur la liberté
Il traverse déjà la nuit en sueur
A l’arrière de sa rapide voiture conditionnée avec admiratrice préparée au verre de champagne dans la chambre du gratte-ciel dont la vue sur la ville sans feuilles et sans fruits est si belle comme décor
Derrière son chauffeur vergogneux héréditaire en craignant que Madame après l’étreinte ne s’endorme en rêvant à ce beau débatteur dont les muscles entonnent si bien l’hymne démocratique des meilleurs sous le pull
En pensant qu’ils n’auront pas mal aux pieds
D’avoir piétiné tant d’espoirs
Ignorés Informulés Donc incompris alors c’est leur faute
Non exprimés Soufflés entre tant de paumes durcies par les manques
Ignorés par la volupté de cette nuit des vainqueurs
Mais c’est assez Tout le monde est tombé librement d’accord Ce n’est pas par le débat que le moral va revenir
Que les vaches en étable donneront plus de lait bio
Et plus de veaux à rôtir fécondées par le vétérinaire
Que les poules en batterie donneront plus d’œufs
De poulets plus flexibles que leur image en plastique Jouets
pour chienchien à son maître
Que les téléspectateurs presteront gratuitement plus d’heures supplémentaires
et donneront plus volontiers leurs sous à ces fondations pour la recherche contre si habiles à recycler notre argent via des clubs sportifs
Car la liberté seule est le licol des toujours juvéniles en troupeau
Les taureaux et les dociles vaches n’ont pas d’illusion cet égard
Ils pâturent loin de la honte de cette liberté
Ils méprisent
Les éducateurs de rue
Les cultivés
Les socio-cul(s)
Ils ne connaissent en effet pas le ministre
Ou l’échevin des travaux
Mais pourraient quand même nous surprendre ruminant après brouter les prairies aux couleurs d’indépendance bleuets marguerites coquelicots
Nuit je t’admire porteuse de projets
Qui seront noyés par le jour
Comme des petits chats
La mère gardera tout son lait
Pour rien comme la voie lactée
Alors que la bonne vie c’est de jouir de ses avantages en termes de médiocrité qui rend heureux de peur qui rassure de préjugé qui prémunit
Contre l’incompréhension du monde
Et de l’incompréhension des semblables
Passer à tout autre chose que la discussion sur la liberté
Accepter plus de discipline
Des excellences gagneuses qui nous représentent et savent donc mieux que nous ce dont nous sommes incapables
Nous transformer en miroir aux alouettes
Remercier pour les sacrifices qui nous sont imposés à juste titre et pour notre bien Nous permettre de nous accomplir en vendeurs corps et âme
Aimer la hiérarchie
Car elle nous admet à son spectacle Ah que je me rends digne de leur ressembler à force de les complimenter
La fabrique des mortels
Est la nuit barbare tatouée
Le gardien de la demeure
Des choses tues
Ce que l’aube implique
De fièvres criardes
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