1. Comment partager une connaissance intuitive ?



Et d’abord, qu’est-ce ? « Intuition » suppose évidence indépendante de toute preuve et « connaissance » implique la confiance que l’intuition est vraie.

Cela est difficilement exprimable par les symboles du langage. Aussi l’expression poétique est-elle le plus souvent convoquée. Procédant par allusion et agissant comme un charme elle peut entraîner chez le lecteur le sentiment qu’il s’approche lui aussi de l’intuition qui lui est présentée. Mais il ne peut dans aucun cas me semble t’il en prendre connaissance, ressentir comme une évidence que l’intuition est vraie. Car la connaissance intuitive n’est pas une rêverie à laquelle on peut décider de céder. Elle répond à un raisonnement qui lui donne son sens.

Dans le petit texte qui suit je me suis essayé à exposer ces raisons susceptibles de transformer certaines intuitions de type métaphysique en connaissances qui puissent être partagées dans la clarté.

L’exposé sera donc dépourvu de la chaleur de l’enthousiasme, qu’on me le pardonne. Les philosophes de l’Université me reprocheraient en outre de manquer de rigueur formelle et de négliger des nuances, notamment sémantiques, qui constituent à leurs yeux d’essentiels objets de débats.

Je ne prétends en effet pas faire œuvre de philosophe, ce serait ridicule. Et surtout, inutile : je ne ferais que déposer ma pierre mal dégrossie, en vérité un caillou, sur un édifice déjà solidement structuré.

L’intuition dont je vais essayer de faire partager la connaissance est en effet la constatation de l’unité, de la réalité et de la pérennité de la conscience.

Issue du chamanisme primitif commun à toute l’humanité elle constitue le fonds de la spiritualité humaine depuis qu’elle s’est individualisée à partir de l’instinct.

On en trouve l’expression peut-être la plus ancienne dans les textes fondateurs de la culture indo-européenne, les Veda, mais au moins aussi dans le zoroastrisme, la spiritualité celte, celles du platonisme, du stoïcisme impérial ou du néo-platonisme, tout ce qui a contribué à définir la spiritualité chrétienne d’aujourd’hui.

Je songe en particulier à Descartes et à Kant, aussi à Spinoza, et, plus près de nous, à Schopenhauer, Bergson ou au physicien Erwin Schroedinger.

Je ne permets pas d’ajouter mes commentaires sur l’œuvre de ces auteurs et sur ces courants de pensée à tous ceux mûris au cours des siècles par des lecteurs professionnels des philosophes et des spécialistes des philosophies des religions.

Car, tant il me paraît que la connaissance intuitive que je ressens le besoin d’exposer constitue le fond commun de la pensée métaphysique, je n’ai retenu que les convergences résultant de la communauté des ressentis et des pensées qui fondent ces différents systèmes philosophiques.

« Tout ce qui monte converge » a dit Léopold Sedar Senghor à ce propos.
Là aussi il a exprimé une intuition. Comme il avait raison !